NF a écrit :Chadrac Akolo écrit son conte de fées
Le Congolais du FC Sion passe en quelques mois de l'insécurité du réfugié au statut de joueur professionnel.
La nouvelle pépite du FC Sion s'appelle Chadrac Akolo. Ce petit bout de joueur tape dans l'oeil de tous les suiveurs de l'équipe valaisanne. La dernière victime de cet engouement contagieux s'appelle Didier Tholot. Le technicien français donne les clés du jeu de son équipe à un espoir qui fêtera son vingtième anniversaire le 1er avril. En toute confiance. Le numéro 13 s'installe solidement dans l'axe de ligne offensive du milieu de terrain sédunois depuis la reprise. Le conte de fées revisité en version moderne et footballistique s'emballe pour le gamin de Kinshasa. Il passe en quelques mois de l'insécurité du réfugié au statut de joueur professionnel. De la crainte d'un rapatriement anticipé à un poste de titulaire en Super League. " C'est incroyable. Les membres de ma famille et les amis au pays m'appellent pour me dire "on t'a vu jouer". Ils me demandent tout le temps "quand reviendras-tu?" s'étonne le héros de cette histoire épatante.
De Kinshasa à Bex
Les premiers chapitres s'écrivent sur les terres de la république démocratique du Congo. Le football monopolise le temps libre d'Akolo. "Jouer pendant les heures d'école ne nous gênait pas non plus. Les matchs organisés spontanément dans la rue avec n'importe quel objet comme ballon ne sont pas des légendes. On tape partout et dans n'importe quoi." Il découvre un jeu plus structuré sous le maillot du FC Corbeau rebaptisé le FC Magnifique. La famille nourrit ses premiers espoirs d'exil. "Quand mes parents parlaient de partir pour l'Europe, je rêvais encore plus fort. J'attendais avec impatience le départ parce que ce voyage m'ouvrait les portes de l'eldorado du foot." Maman traverse la Méditerra née en premier. La cadette la suit. Le fiston se lance ensuite. Papa conclut l'exode. "Le voyage était terrible. La boule au ventre m'a accompagné jusqu'au moment où j'ai rejoint maman dans le hall de l'aéroport. La pression qu'exerce la crainte d'être refoulé est terrible."
A 15 ans, Akolo subit la brutale transition du bouillonnement d'une cité animée par plus de sept millions d'habitants au centre de requérants de Bex. Il intègre les juniors du club vaudois. "Ce n'était pas facile. La peur de repartir te quitte rarement, elle pèse. Ils prennent des gens pour les renvoyer. Maman disait parfois "notre tour viendra peut-être." Le terrain le libère de cette tension.
Sion dit non, puis oui
Les Tagan, Anthony, son entraîneur, et Raphaël, le papa et baroudeur des pelouses chablaisiennes, apprécient son talent. "Je ne prends aucune décision sans les consulter aujourd'hui encore. Ils m'ont encadré, soutenu et protégé. Ils nous ont orientés et aidés dans les démarches pour obtenir les papiers nécessaires au séjour en Suisse. Un tel soutien n'a pas de prix. "Tu n'es pas à ta place ici" m'ont-ils dit." Ils approchent le FC Sion qui refoule Akolo lors d'un premier test. "Mes parents pensaient que c'était foutu pour percer dans le foot." Les Tagan ne se découragent pas. Ils s'adressent au FC Bâle par l'intermédiaire d'une connaissance, au Lausanne Sport aussi. "Le contrat proposé ne nous convenait pas. A ce moment-là, Blaise Piffaretti m'a appelé. Il m'a dit de revenir à Sion." Un engagement conclut le deuxième essai. "Ce contrat était mon passeport pour l'Europe. J'étais désormais sûr d'y rester. C'était génial." Moins de deux ans plus tard, il joue ses premières minutes en Super League. "La séparation avec Smajic m'a touché. Il m'a donné ma chance. Nous nous étions dit que nous nous tuerions pour lui à Saint-Gall, ça n'a pas marché. J'ai ressenti une immense tristesse." Le club le guide et l'appuie dans les méandres de l'administration. Un passeport congolais et un permis F le délivrent depuis quelques semaines de la hantise d'un rapatriement. "C'est une nouvelle vie. Je me dis parfois que je rêve, je redoute le réveil." Un contrat professionnel le lie au FC Sion jusqu'en 2019. L'encre et le papier sont bien réels. SF
"J'AI VECU DES JOURS SANS MANGER A KINSHASA"
Chadrac Akolo est le fils d'un pasteur de l'Eglise néo-apostolique. "Mon prénom est d'origine biblique. Si le calendrier du foot me le permet, je me rends tous les dimanches à la messe", confie le joueur du FC Sion. La foi l'a soutenu lors de l'exode familial qui les a conduits de la république démocratique du Congo en Suisse. "Le plus grand choc pour moi est l'abondance dont on jouit ici. Tu as tout, tu peux prendre tout ce que tu veux. Entendre ma petite soeur refuser un yoghourt qu'on lui propose me semble totalement irréel. Nous ne pouvions pas dire non en Afrique. Nous avons vécu des jours sans manger à Kinshasa. Simplement parce qu'il n'y avait rien à manger pour nous." Entraîneurs de football de père en fils, Raphaël et Anthony Tagan les soutiennent depuis leur arrivée à Bex. "Ils me préservent de toute tentation de m'enflammer par rapport à cette nouvelle vie." Sa fascinante maturité construite par les épreuves l'en préserve également.
Je savais que il était réfugié mais pas que il est seulement ici depuis 3-4 ans!
J’espère que il va recevoir une autorisation de séjour que il doit pas partir quand il explose chez nous! Au moment il a seulement le Livret F (pour étrangers admis provisoirement)
Plus d'info ici: https://www.bfm.admin.ch/bfm/fr/home/th ... eufig.html