Wüthrich: «Courbis n'en avait rien à foutre de moi»
Dans un entretien au vitriol, le milieu de terrain du Servette FC revient sur son passage de 18 mois à Montpellier, ne craignant pas d’égratigner l’homme à l’origine de son transfert.
Mis abruptement dans un placard au Servette FC suite à sa non-prolongation de contrat, Sébastien Wüthrich (29 ans), qui sera libre au 30 juin, s’est livré dans un entretien vérité au site AllezPaillade.com, le site non officiel de Montpellier. L’occasion pour l’ancien international espoir d’évoquer son passage sur les bords de la Méditerranée tout en réglant au passage quelques comptes, dont celui de Rolland Courbis, pourtant à l’origine de sa venue au dernier jour du mercato de l'hiver 2015.
«J’avais côtoyé Rolland Courbis comme entraîneur à Sion, lors de son passage éclair car je crois qu’il n’avait pas les diplômes, détaille le milieu de terrain «grenat». Il a fait deux mois et demi avant de s’en aller. En janvier 2013, Sion me prête à Saint-Gall où j’ai fait une très bonne saison et demie. Le président de Sion, Christian Constantin, a voulu me reprendre donc j’y suis retourné et je me blesse au ménisque alors qu’il me reste un an de contrat. Sion voulait me prolonger, je n'en avais pas forcément envie car je ne m’y sentais pas forcément en confiance avec le prêt, etc… Sortant d’une bonne saison à Saint-Gall, je voulais partir.»
Arrive alors le fameux coup de fil de Courbis. «Quand tu joues en Suisse et qu’un club de L1, qui est sixième à ce moment-là, t’appelle… Au téléphone, Courbis m’a dit qu’il allait me préparer pendant six mois, jusqu’en juin, pour me mettre dans de bonnes conditions eut égard à ma blessure, dans l’objectif de pouvoir jouer les matchs l’année d’après. Pour moi, tout était bien, j’étais motivé. J’ai signé pour 3 ans et demi.»
«Il faut qu'on discute...»
Sur place, rien ne se passe pourtant comme prévu. Et le passage de Wüthrich dans l’Hexagone se limitera à deux matches, dont l’un disputé contre Lens au printemps 2015. «Je n’ai pas eu de temps de jeu jusqu’à Lens en effet, reprend l'intéressé. Ce n’était pas un super match mais, pour une première, voilà, c’était correct. Je n’ai pas eu d’autres occasions de m’exprimer.» Au début de la pause estivale, le Neuchâtelois est convoqué par son entraîneur. «Dans son bureau, Rolland Courbis me dit: «Il faut qu’on discute: j’ai une possibilité pour toi d’être prêté à Bastia. » (…) Mais bon moi, je viens d’arriver, il m’avait dit qu’il me préparerait pour jouer la saison qui se profilait, et au final, je me fais prêter directement 6 mois après… pour mon image, je n’ai fait qu’un match… Donc je lui dis que je ne suis pas intéressé. Dans l’après-midi, j’appelle mon agent pour l’informer qu’il m’a proposé cela. Dans la foulée, il lui envoie un message lui disant d’assumer ses choix car c’est lui qui m’a fait venir et il lui demande aussi pourquoi vouloir me prêter si vite… Apparemment, Courbis n’a pas apprécié.»
Relégué avec la réserve
Depuis ce jour-là, Sébastien Wüthrich allait être relégué en réserve. «Je suis vraiment à la cave, se souvient-il. L’arrivée de Frédéric Hantz, succédant à Courbis, ne changera rien à la donne. «Je suis surtout déçu et triste de la manière dont tout cela s’est fait. Avec le recul, le ressenti que j’ai, c’est clair qu’il y a eu une embrouille contre moi pour ma venue à Montpellier. Pour moi, c’est presque évident (…) A mon avis, mon transfert servait au final d’autres intérêts que le sportif. Je ne sais pas, ce sont des suppositions hein, mais c’est ce que je pense. Courbis n'en avait rien à foutre de moi, il voulait faire ce transfert-là et, une fois à Montpellier, il voulait déjà me refourguer dans un autre club via un autre agent. Ce qui est dur dans mon passage à Montpellier, c’est que je n’ai jamais pu prouver ma valeur, on ne m’a jamais laissé ma chance, c’est ce qui est frustrant.»
Interrogé à son tour par nos confrères, Rolland Courbis a tenu à rétablir sa vérité. «Je suis déçu qu’on puisse penser ça de moi. Je n’ai jamais fait un enfant dans le dos à Loulou sur les transferts (…) Wüthrich est un garçon qui a beaucoup de qualités, patte gauche comme Thauvin. Je l’ai connu à Sion où il m’avait fait forte impression. Il est venu pour un très faible montant, 150'000 euros, je pensais que ça serait une super affaire pour un international espoir. Montpellier au bout de 18 mois avait une clause à 300'000 euros qui n’a pas été levée. Je tiens à le signaler, je suis en froid avec le président de Sion. Je suis resté un match entraîneur là-bas, j’ai battu un record de rapidité (ndlr: il est demeuré en réalité deux matches avant de céder sa place à Vladimir Petkovic), il voulait faire les compos à ma place et après la défaite contre Lausanne, je suis parti. Je suis triste qu’un joueur qui n’a pas progressé sportivement dise ça. Il était décevant sportivement. C’est désormais doublement décevant.»
Après son épisode montpelliéran, Wüthrich s'était engagé une saison avec Aarau, avant de rebondir au Servette le 1er juillet 2017.
Créé: 14.04.2020, 17h57
https://www.lematin.ch/sports/football/ ... y/10211622