Ca fait toujours plaisirs des nouvelles de notre ami...
Titularisé dimanche, Sébastien Roth a replongé au bord des chutes du Rhin. Considéré voilà quelques années comme le futur No 1 helvétique, il évoque sa sortie du tunnel et la hiérarchie des gardiens
Nicolas Jacquier - 29/10/2007
Le Matin
Souvent présenté comme le gardien le plus doué de sa génération, pressenti même à l'époque pour garder la cage helvétique lors de l'Euro à venir, Sébastien Roth, perdu de vue depuis plus d'une année déjà, était tombé dans l'oubli médiatique ces derniers temps. Voici que l'on a retrouvé sa trace à Schaffhouse, où il a été titularisé dimanche dans la cage du Breite. Un retour au premier plan attendu en championnat depuis... 614 jours, et une dernière apparition sous le maillot d'Yverdon, en Super League, le 12 mars 2006 (défaite 0-1 contre Thoune). A cette occasion, Roth a fêté un blanchissage (5-0 contre Locarno). «J'ai travaillé dur pour vivre ce moment-là. Après mon passage à Chênois et ma blessure, Schällibaum m'a sorti du trou. Alors que j'envisageais d'arrêter ma carrière, il m'a convaincu que cela valait la peine de continuer. (...) Ce n'est qu'un début. Même si le temps perdu ne se rattrape pas, je ne veux pas en rester là...»
Du temps, le Jurassien en a déjà assez perdu. Entre blessures et piges incertaines, n'a-t-il pas fait que galérer depuis la faillite du Servette, en février 2005? «Ça a cassé des trucs, concède-t-il. J'aurais préféré une autre trajectoire, mais il y a eu tellement d'éléments que je n'ai pas pu maîtriser.»
"Troisième portier de Köbi Kuhn lors de l'Euro 2004 au Portugal après la blessure de Borer, Roth était alors présenté comme le grand gardien de demain, celui qui manquait à la Suisse. Dans une hiérarchie instable, qui est intrinsèquement aujourd'hui le meilleur gardien du pays? «Cela aurait peut-être pu être moi, répond Sébastien. En voyant jouer les autres, je me dis parfois que j'aurais pu être à leur place. Mais ça ne me fait pas déprimer. J'ai pris de la distance. Au niveau de l'équipe nationale, il y a l'expérimenté (Zuberbühler) et il y a les autres. Qui font aussi des boulettes ou que l'on ne voit pas (Benaglio). Je trouve que l'on est injuste avec Zubi.»
Au bord des chutes de Rhin, où il a retrouvé Paolo Diogo, un autre rescapé «grenat», Sébastien Roth, nullement amer, s'est fixé un nouveau défi. «Je veux rejouer au plus haut niveau. Après tout, ça ne dépend que de moi. A 29 ans, j'ai encore un certain avenir devant moi. Je veux aller de l'avant pour ne pas replonger.» Ou alors uniquement devant ses filets.
Sébastien Roth
Né le 1er avril 1978. 1,86 m pour 85 kg. Divorcé, un enfant (Benjamin, 5 ans). Formé à Alle, a joué ensuite à Delémont (1995-98), Soleure (1998-2000), Servette (2000-2005), Lorient (2005), Yverdon (2006), CS Chênois (2006-07). A Schaffhouse depuis le 1er juillet 2007 (contrat de 2 ans). 10 sélections avec l'équipe de Suisse des moins de 21 ans.
Mais qu'il se taise un peu ce Sébastien Roth et qu'il recommence à jouer ENFIN, qu'il regagne sa place de tituaire et là il pourra la ramener !!
A moins que ce superheros des temps modernes (aller savoir pourquoi je dis ça) sente que la fin est proche et qu'il profite une dernière fois de faire la une du matin.
Il serait intéressant de voir le nombre d'articles écrit sur Sébastien Roth en 2007. Je pense que le matin lui a accordé plus d'interview qu'à Vailati.
Ancien gardien remplaçant de l’équipe de Suisse, le Jurassien de 31 ans a plongé suite à la faillite du Servette FC. Aujourd’hui amateur au Mont, il raconte sa carrière mouvementée et espère un retour au sommet.
Très en vue alors qu’il gardait les buts du Servette FC, sélectionné lors de l’Euro 2004, Sébastien Roth semblait promis à un avenir doré. A 31 ans, le Jurassien joue au FC Le Mont, néopromu en Challenge League. La faillite du club genevois a plombé sa carrière en février 2005: retour en Suisse après une pige à Lorient (Ligue 2), chômage. Après des passages à Yverdon et Chênois, il signe à Schaffhouse, où des blessures l’éloignent des terrains. Au terme du derby Le Mont-Lausanne de dimanche (1-1), il évoque son parcours et ses difficultés. La motivation chevillée au corps.
Le Temps: Vous affirmez que Le Mont est l’un des rares clubs à avoir été correct avec vous. C’est-à-dire?
Sébastien Roth: Le discours du Mont est clair: on n’a pas d’argent, mais on offre de bonnes possibilités de jouer et un défi à relever. Je savais qu’il n’y aurait pas de mauvaises surprises. Malgré un encadrement encore amateur, les dirigeants font au mieux. Avec Hervé Bochud avec qui j’ai joué à Schaffhouse, on voit des choses qu’on n’avait jamais vues: on ne peut rien laisser au vestiaire car il est utilisé par les écoles, on doit laver nos affaires à la maison. On aide aussi le club à l’extérieur. Si on a des amis prêts à sponsoriser, on établit volontiers la relation avec le club. Dans tout le raffut du milieu du football, j’avais besoin de travailler dans le calme.
– Vous vous êtes engagé pour une saison. Quelles sont vos perspectives?
– A court terme, je veux être le plus performant possible. Comme gardien, j’ai encore sept ou huit ans devant moi. J’espère trouver un club, en Suisse ou à l’étranger, prêt à me donner ma chance. Un club professionnel et ambitieux.
– Vous avez un statut d’amateur. Comment vous en sortez-vous financièrement?
– Quand j’étais à Yverdon, je gagnais 4000 francs bruts. Aujourd’hui, je ne pourrais pas vivre avec moins, car j’ai une famille. Le chômage me paie. Je cherche un emploi: je n’ai pas envie de vivre aux crochets de la société. Si j’émets le désir de partir du Mont pour un contrat professionnel dans un autre club, je pourrai le faire.
– Votre carrière a été biaisée par la débâcle financière de Servette. Y pensez-vous encore?
– Au début, on se pose beaucoup de questions. On se demande ce qu’on a fait de faux. La page est pratiquement tournée. La seule chose qui me rappelle à cette époque est le procès. J’essaie d’aller de l’avant.
– Votre rapport au club, aujourd’hui?
– J’ai toujours un œil dessus. Si je pouvais retourner au Servette et si j’avais le choix entre deux propositions similaires, j’y retournerais. Le chapitre n’est pas terminé. Ce club doit revenir dans l’élite – à l’époque, j’étais persuadé qu’on pouvait gagner un titre, on avait tout en main. Je ne suis pas parti de moi-même. Cette histoire a un goût d’inachevé. J’ai encore un très bon contact avec les spectateurs. En cinq ans, j’ai vécu comme une «vie de couple».
– Avant la faillite de Servette, vous auriez pu partir au FC Bâle. Referiez-vous les mêmes choix de carrière?
– Oui, en espérant avoir un peu plus de chance… Quand on est numéro 1 à Servette, on ne
va pas à Bâle pour être numéro 2. Je n’ai pas changé d’avis sur cette décision. Je me voyais progresser à Genève, le but étant de jouer en équipe nationale. Avec le recul, on aurait pu faire différemment. Mais j’étais très à l’aise là-bas. Servette était un des trois plus grands clubs suisses. Et basta.
– Comment avez-vous vécu les années dans l’ombre qui suivirent?
– Les quatre mois après mon retour de Lorient, je me suis entraîné sans club. Tous les jours, je changeais de stade. Je l’ai fait pour moi, parce que je ne voulais pas arrêter le football. Le week-end, il n’y avait pas de matches. Il n’y avait rien. C’est dans ces moments-là qu’on se pose des questions. C’est à ce moment-là que des gens vous remettent sur les rails. Ces doutes me tenaient un ou deux jours, et non pas des semaines. J’ai eu cette chance. Partir à Schaffhouse m’a permis de prendre du recul. Après la faillite du Servette, il fallait sans cesse donner des explications quant à la difficulté de trouver un club. C’était lourd de toujours devoir se justifier.
– Le plus difficile à gérer, en rentrant de Lorient?
– Le regard des autres, car on n’a pas les réponses à leurs questions. Ce n’est pas toi qui as planté ta carrière mais la faillite qui l’a plantée.
– En voulez-vous aux dirigeants de l’époque?
– Je leur en veux dans le sens où un club, ce n’est pas seulement vingt-deux joueurs, mais aussi des gens employés dans les bureaux, dans le stade, des petites entreprises qui travaillent avec le club, notamment.
– Vous a-t-on soutenu?
– Il n’y a pas eu de soutien au niveau professionnel. La Ligue n’a rien fait pour nous. On nous a dit: «Allez vous entraîner à Zurich.» Oui, mais cela a des coûts, d’autant plus quand vous venez de perdre un emploi et que vous n’avez pas été payé pendant des mois.
– Aviez-vous imaginé à vos débuts ces aspects du football?
– Non, ça fait un choc. On est tellement bien traité qu’on pense que sera toujours le cas. On joue, et des gens s’occupent du reste. On est dans notre bulle, on est dans un monde à part.
– Quid des joueurs, devenus des investissements financiers?
– Au bout du compte, on est des marchandises. Un joueur vendu 30 millions qui en touche 6 se fiche des montants que perçoit le club. Il y trouve son compte. Quand vous ne gagnez pas beaucoup d’argent et qu’on vous maîtrise, c’est autre chose. Juste avant la faillite du Servette, après quatre mois sans salaire où on essayait tous de s’en sortir, j’ai demandé à effectuer un essai à Bolton. On m’a dit «si tu veux partir, c’est 3,5 millions». Alors que j’aurais pu résilier mon
contrat.
– Avez-vous eu envie de tourner la page du football?
– J’y ai pensé, des jours. Le football, c’est ma vie: malgré les côtés négatifs, il y a tellement de côtés positifs qui prennent le dessus quoi qu’il arrive! Je pourrais vivre autre chose, mais pas sans le football. Même quand je travaillerai à 100%, je continuerai. J’ai la chance extraordinaire de faire ce que des milliers de gamins rêvent de faire. Rien que cela me donne de la motivation. Je ne comprends pas ceux qui abandonnent. Et puis, il faut prendre en considération tous les sacrifices auxquels on a consenti.
– On voyait en vous un successeur de Zuberbühler. Quel regard portez-vous sur votre parcours?
– On se rend à l’évidence. C’est sympa, d’entendre des gens dire que vous avez du talent, mais la réalité est que je suis en Challenge League et pas à GC. Il faut travailler et progresser. Si je pouvais jouer en Super League, je serais plus heureux.
– Quelle prise avez-vous sur votre carrière actuellement?
– L’optique est de vivre au jour le jour jusqu’à la trêve hivernale. Je ne veux pas faire de plans. Actuellement, en Romandie, je me sens plus à l’aise dans ma vie à côté du football. Quand bien même j’ai adoré être en Suisse allemande, je me sens psychologiquement plus réconforté.
[Le Temps 2009]
"Comment se fait-il que personne ne me comprenne et que tout le monde m'aime"? Albert Einstein
« Dans un club de football, il y a une Sainte Trinité : les joueurs, l'entraîneur et les supporters. Les présidents n'en font pas partie. Ils sont juste là pour signer les chèques. »
