Hooliganisme: le canton serre la vis (source : NF de ce mercredi)
Frédéric Favre confirme son intention de poursuivre la mise en place de mesures contre la violence dans les manifestations sportives, malgré les critiques de la Ligue et de clubs comme Bâle, Zurich ou Young Boys qui ciblent l’action du Valais.
STEPHANE.FOURNIER@LENOUVELLISTE.CH
Au stade de Tourbillon, le canton du Valais durcit sa ligne de conduite face aux supporters et introduit un contrôle systématique aux entrées des secteurs réservés aux fans sédunois et aux spectateurs adverses. Une approche plus stricte qui ne plaît pas à tout le monde. Le «Tages Anzeiger» le fait savoir dans son édition de vendredi. Il en rajoute plusieurs lignes lundi au lendemain du match entre le FC Sion et le FC Zurich au stade de Tourbillon, rappelant que cette démarche demeure unique en Suisse. Elle gêne les acteurs du football national selon le quotidien zurichois qui évoque «un dangereux cavalier seul». Plusieurs clubs alémaniques, Bâle, Zurich et Young Boys notamment, expriment leur désapprobation.
Tous les fans de Zurich entrés au coup d’envoi
Ces oppositions ne déstabilisent pas Frédéric Favre. «Ces réactions me surprennent et me déçoivent», confie le conseiller d’Etat chargé du Département de la sécurité, des institutions et des sports. «Quand deux conseillères fédérales déplorent la dégradation des conditions de sécurité liées à certaines manifestations sportives, le signal est suffisamment fort pour nous inciter à mettre en œuvre les solutions nécessaires à la résolution de ces problèmes.»
L’engagement valaisan tend à éliminer l’introduction d’objets illicites, dont les engins pyrotechniques, à l’intérieur des enceintes sportives. Ses opposants craignent que des attentes prolongées devant les portails d’entrée génèrent des tensions et entraînent des émeutes.
Dimanche, 725 supporters zurichois avaient pris place dans la tribune sud au coup d’envoi, sans retard. Toutefois, malgré les fouilles, ils ont pu introduire dans le stade un impressionnant arsenal de feux d’artifice (voir encadré).
L’identification en cours d’élaboration
En avril 2019, l’Etat du Valais et les différents partenaires impliqués dans le domaine sécuritaire à Tourbillon avaient présenté un catalogue de mesures à mettre en place dans le cadre de la lutte contre la violence autour des manifestations sportives. «Le Valais agit», souligne Frédéric Favre. «Les réticences vis-à-vis de ce projet pilote m’interpellent sans me faire changer d’avis. Nous poursuivrons la réalisation de ces mesures. Nous n’attendrons pas un blessé.»
Les prochaines étapes du plan valaisan prévoient l’interdiction de se cacher le visage en se rendant à une rencontre de football ou de hockey. Dans un futur proche, cela devrait également aboutir à l’identification des spectateurs par l’intermédiaire de billets nominatifs. «La conférence des commandants des polices cantonales a pris position en faveur de cette mesure déjà en vigueur dans d’autres pays», rappelle le ministre des sports.
La SFL se distancie de l’approche valaisanne
Parmi les voix discordantes se fait entendre celle de la Swiss Football League. Plusieurs échanges ont réuni les deux parties durant l’année écoulée concernant les mesures à prendre face à la violence chez les supporters. «Nous ne pouvons pas comprendre les raisons qui poussent le Valais à se détourner de la politique de Good Hosting qui fait ses preuves depuis cinq ans», motive-t-elle par l’intermédiaire de Philippe Guggisberg, son responsable communication. Le principe de ce Good Hosting? Une fouille ponctuelle, pour permettre une entrée fluide des supporters dans les stades. «Une enquête de l’Université de Berne montre une diminution du matériel pyrotechnique introduit dans les tribunes. Nous ne sommes pas convaincus que pratiquer une fouille systématique résoudra le problème.»
Le précédent Sion-GC
Frédéric Favre défend un avis différent. «Une étude montre que des cas de violence surviennent lors d’un match sur deux.
Cette statistique prouve que le Good Hosting ne fonctionne pas.» Les incidents qui avaient entraîné l’interruption définitive du match Sion-Grasshopper le 16 mars 2019, à cause de jets massifs de fumigènes et de fusées, ont incité le conseiller d’Etat à accélérer la mise en place de mesures de répression. Le match Lucerne-Grasshopper avait connu le même destin. «Il ne faut pas oublier que ces problèmes sont intervenus dans le contexte d’une relation tendue entre le club zurichois et ses fans. Ils auraient eu la même ampleur à Lugano ou à Lausanne», commente Philippe Guggisberg. Les divergences de vues entre l’Etat du Valais et la Ligue ne touchent pas que cet événement.