Tourbillon, fief sédunois depuis 1968
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Avant l'inauguration de Tourbillon il y a 44 ans, le FC Sion a joué dans différents lieux de la capitale valaisanne. Aujourd'hui, la Ville fait tout pour répondre aux exigences de la Swiss Football League et moderniser un stade en constante mutation.
M. Crittin, le travail ne manque pas à Tourbillon?
En effet, de nombreuses améliorations sont en cours et c'est un travail quotidien. Nous avançons étape par étape, en coordination avec la SFL et le bureau d'architecture en charge des rénovations. Nous voulons garantir au FC Sion ainsi qu'au mouvement junior de base et d'élite des infrastructures dignes de ce nom et c'est un défi constant que nous essayons de relever au mieux. La société évolue, le football évolue, nous devons suivre le mouvement.
Comment gérez-vous tous ces travaux et la tenue des matches?
Ce n'est pas toujours facile. Cela demande de l'organisation et de la coordination. Mais les gens sont réceptifs, ils s'adaptent et voient plutôt d'un bon oeil tous ces changements. De toute façon, notre objectif est de tout mettre en oeuvre pour que la compétition ait lieu. Dans ce sens, nous collaborons très étroitement avec le club et la SFL.
Au niveau budget, combien représentent toutes ces transformations?
La Ville investit environ 1,5 million par an. Il y a des perspectives de participation du canton, jusqu'à 30%, grâce à la nouvelle loi cantonale sur le sport. Mais rien n'a encore été négocié. Certitude, nous avons toujours respecté nos engagements pour que le FC Sion puisse évoluer dans sa catégorie de jeu. Maintenant, bien sûr, nous ne pouvons pas répondre à tous les critères européens, comme par exemple une phase finale de la Ligue des champions. En revanche, pour les premiers tours de l'Europa League par exemple, nous sommes aux normes jusqu'aux barrages y compris, puis soumis à un protocole et une autorisation de l'UEFA pour la phase de groupes moyennant des adaptations éventuelles. JM
Les anciens s'en souviennent, pas les jeunes générations. Non le FC Sion n'a pas toujours évolué à Tourbillon. Il y a bien eu un avant, même plusieurs. Né en 1909, le club de la capitale a fait ses gammes sous la place du Midi, avant de goûter aux pavés de la Planta où il dispute son premier match face à Aigle (*). Suivront l'usine à gaz, le terrain sablonneux des Iles (1914 à 1920) et la Grange de l'hôpital (1920 à 1927). Inauguré le 29 avril 1928, le Parc des Sports marquera un premier véritable tournant dans l'histoire du club qui évolue alors en deuxième ligue. Tribunes provisoires, tubulaires bringuebalants et vestiaires minimalistes, l'évolution se fait en douceur. "En 1967, j'ai disputé un match au Parc des Sports, se souvient Jean-Claude Donzé, ancien chef des sports de la Ville et alors gardien du FC La Chaux-de Fonds. Les tribunes étaient en bois, les gradins aussi. Il fallait également traverser le public pour aller aux vestiaires. C'était une autre époque, épique." Jean-Michel Elsig, jou eur au FC Sion de 1966 à 1973 de compléter: "90% des gens étaient debout, c'était vraiment du semi-provisoire. Ceci dit, on pouvait mettre beaucoup de monde. Je me souviens d'un match avec 15 000 personnes."
Un stade adapté aux besoins
Promu en LNB en 1957, le FC Sion se cherche un nouveau terrain de jeu plus adapté à ses besoins. Direction Vissigen où le Conseil communal achète 36 000 m 2 dans l'optique d'y bâtir une enceinte de pointe pour l'époque. Le premier devis, en 1960, se monte à quelque 1,6 million de francs pour un stade avec gradins tubulaires et éclairage. Il faudra attendre près de cinq ans et un accord entre la Ville et des privés regroupés sous le nom de "Coopérative de Vissigen" pour aboutir à une autorisation de construire. Exit le Parc des Sports, dont la tribune en tubulaire sera tout de même récupérée. La construction de Tourbillon est en marche. L'inauguration a lieu le 11 août 1968, devant de nombreux officiels. Une motte arrive même tout droit de Londres, par hélicoptère. Buteur lors du match inaugural contre Zurich (défaite 2-4), Jean-Michel Elsig se souvient bien du changement. "C'était quelque chose d'extraordinaire pour l'époque. Pour la première fois, nous disposions d'un stade digne de ce nom, le premier vrai stade en Valais. Si on prend l'exemple des vestiaires, chaque joueur avait son casier et nous pouvions profiter de divers équipements de soins."
Plus de 20 millions investis
Depuis 1972, date de la dissolution de la Coopérative de Vissigen, c'est la Ville qui gère et finance tous les changements et transformations. Notamment la rénovation conséquente de 1986 qui a permis d'obtenir un stade digne des ambitions du club qui milite alors en LNA. Gradins, tribunes, toiture (posée en 1988), cantines, les aménagements sont multiples. Dès 2006, la capacité du stade passe de 12 147 à 16 263 spectateurs. En dix ans, l'investissement communal se chiffre à environ 8 millions. Un investissement qui se poursuit dans les années 2000, dans le but de répondre aux critères toujours plus poussés de la Swiss Football League (SFL) et de l'UEFA. "Un catalogue des exigences de la SFL existe depuis 1997, ce qui a déclenché un renouvellement des infrastructures en Suisse. Bâle a lancé le mouvement et les autres ont suivi. Aujourd'hui, à part Lausanne qui travaille sur un projet et Tourbillon qui est en constante évolution, on a de nouveaux stades partout ailleurs en LNA", note Jean-Claude Donzé, également au comité exécutif de la SFL.
De par sa conception initiale, Tourbillon possède un avantage indéniable, comme le confirme Pascal Bütikofer, responsable des bâtiments auprès du Service de l'édilité de la Ville: "Le stade a été bien conçu, de manière visionnaire. Pas besoin de tout raser pour refaire du neuf. Un cas unique en Suisse. Maintenant, il est clair que des transformations s'imposent pour respecter les différentes normes, que ce soit en termes de sécurité, d'accueil des spectateurs ou des médias, etc." De 2006 à la fin des travaux de mise en conformité, la Ville a décidé d'injecter 13 millions de francs supplémentaires pour poursuivre la modernisation du stade.
Et les travaux suivent leur cours. Après la suppression des bancs en bois de la tribune Est, remplacés par des sièges, des tourniquets pour compter les spectateurs et améliorer la sécurité sont apparus cet été. L'ancien Totomat a lui disparu, remplacé par un écran géant dernier cri. "En ce moment, nous travaillons du côté de la tribune Nord, au niveau des accès spectateurs, des cantines et des locaux de la police. Il s'agit d'une nouvelle construction qui comprendra également les accès et la billetterie. Cette étape devrait se finir d'ici au 16 février prochain. Ensuite, on va s'attaquer à la tribune principale, avec le réaménagement de l'espace intérieur et notamment des vestiaires", conclut Pascal Bütikofer.
* Informations tirées du bulletin édité par la Ville de Sion en automne 2010: "Tourbillon le stade dans la Ville".
INAUGURATION DE TOURBILLON: ILS ONT DIT
EMILE IMESCH, ANCIEN PRESIDENT DE LA VILLE DE SION
"Le FC Sion, par ses mérites, ses succès et la place acquise en Coupe de Suisse (...), par la qualité des visiteurs qu'il reçoit et le public qui lui est fidèle, méritait des installations modernes, celles, primaires, du pont du Rhône, étant dépassées depuis longtemps."
WOLFGANG LORETAN, ANCIEN CONSEILLER VALAISAN
"Le FC Sion enrichit aujourd'hui d'un nouveau fleuron la capitale de notre beau canton. Sion, la capitale, religieuse, politique et depuis quelques années, avec le Festival Varga, capitale musicienne, dès aujourd'hui elle est également la capitale sportive de notre république."
VICTORE DE WERRA, ANCIEN PRESIDENT DE L'ASF
"Aujourd'hui, on peut affirmer sans faux orgueil que dans toutes les sphères responsables de la jeunesse on a compris l'importance primordiale du sport de plein air, du sport d'équipe."
KOBI KUHN, ANCIEN JOUEUR DU FC ZURICH
"Quel plaisir, même si j'ai manqué aujourd'hui à cause de ma blessure. Je n'aurais jamais pensé voir cela à Sion. C'est formidable."