Re: Championnat Francais
Posté : 17.03.2010 11:03
«L’Europe, en football, est une supercherie»
Christian Gourcuff, père de Yoann et entraîneur de Lorient, fustige l’évolution de son sport
Le Temps: Vous êtes un défenseur du jeu offensif…
Christian Gourcuff: Le jeu est forcément offensif. La phase défensive est nécessaire et doit être très bien organisée, mais l’esprit offensif doit prédominer. L’essence même du jeu est de créer. Ce qui est fondamental dans le sport et dans le foot, c’est l’idée que la victoire n’est qu’un aboutissement. C’est l’épanouissement dans le jeu qui doit y mener. Dans un monde qui, aujourd’hui, galvaude un peu ces valeurs-là, c’est plus difficile. On est dans une société de profit, de rentabilité à très court terme et ça se ressent forcément dans le foot, qui brasse des intérêts énormes. L’ambiguïté, c’est que sur le long terme, l’efficacité se retrouve dans cet état d’esprit du jeu créatif.
– Les médias parlent de votre fils comme du nouveau Zidane. Que vous inspire cette comparaison?
– On est dans un monde où tout est excessif. J’essaie d’avoir du recul. Souvent je ne partage pas du tout l’analyse du plus grand nombre. C’est assez effrayant ce que pensent les gens. Depuis la victoire de l’équipe de France en 1998, le pays s’est découvert une ferveur pour le ballon rond sans qu’il y ait vraiment une culture foot. L’idéal, ce serait d’essayer de ne pas trop lire ce qui s’écrit. J’en discute avec Yoann et on est souvent sur la même longueur d’onde. Il faut se protéger en ayant sa propre analyse, ne pas tenir compte de ce qu’il se dit. Ça permet aussi de surmonter les critiques. Il faut essayer d’être lucide sur son niveau, sur ce qu’on fait et tenir le moins possible compte de l’avis des autres. C’est essentiel.
– Que vous inspirent les montants exorbitants des transferts de certains joueurs?
– On est dans une société où des gens gagnent beaucoup d’argent sans forcément de mérite. Si un footballeur génère des bénéfices pour son club, c’est assez logique qu’il en profite. C’est inhérent aux dérives actuelles. Mais quand le Real de Madrid ou d’autres clubs hyperendettés se permettent d’avoir des salaires comme celui de Ronaldo, là, c’est choquant, car on n’est plus dans une logique économique. En France, depuis une vingtaine d’années, on a résolu ces abus par un contrôle de la gestion des plaintes, mais malheureusement ce n’est pas le cas dans d’autres pays européens. On parle beaucoup d’Europe, mais les règles du jeu ne sont pas respectées. Du coup, une compétition comme la Ligue des champions n’est pas équitable. Ça me choque énormément. L’Europe, au niveau du football, est une supercherie.
– Ressentez-vous ce fossé dans votre club?
– A Lorient, on a pu construire sur la durée un club avec les valeurs du jeu que je prône. Ce n’est pas toujours facile au quotidien. Il faut survivre dans ce contexte de compétition, mais on a une identité et des valeurs qui nous le permettent. Un collectif s’est construit au fil du temps, qui nous permet d’exister en Ligue 1. Nous sommes 7es, ce qui est fantastique au regard des moyens à disposition.
[Le Temps 2010]
Christian Gourcuff, père de Yoann et entraîneur de Lorient, fustige l’évolution de son sport
Le Temps: Vous êtes un défenseur du jeu offensif…
Christian Gourcuff: Le jeu est forcément offensif. La phase défensive est nécessaire et doit être très bien organisée, mais l’esprit offensif doit prédominer. L’essence même du jeu est de créer. Ce qui est fondamental dans le sport et dans le foot, c’est l’idée que la victoire n’est qu’un aboutissement. C’est l’épanouissement dans le jeu qui doit y mener. Dans un monde qui, aujourd’hui, galvaude un peu ces valeurs-là, c’est plus difficile. On est dans une société de profit, de rentabilité à très court terme et ça se ressent forcément dans le foot, qui brasse des intérêts énormes. L’ambiguïté, c’est que sur le long terme, l’efficacité se retrouve dans cet état d’esprit du jeu créatif.
– Les médias parlent de votre fils comme du nouveau Zidane. Que vous inspire cette comparaison?
– On est dans un monde où tout est excessif. J’essaie d’avoir du recul. Souvent je ne partage pas du tout l’analyse du plus grand nombre. C’est assez effrayant ce que pensent les gens. Depuis la victoire de l’équipe de France en 1998, le pays s’est découvert une ferveur pour le ballon rond sans qu’il y ait vraiment une culture foot. L’idéal, ce serait d’essayer de ne pas trop lire ce qui s’écrit. J’en discute avec Yoann et on est souvent sur la même longueur d’onde. Il faut se protéger en ayant sa propre analyse, ne pas tenir compte de ce qu’il se dit. Ça permet aussi de surmonter les critiques. Il faut essayer d’être lucide sur son niveau, sur ce qu’on fait et tenir le moins possible compte de l’avis des autres. C’est essentiel.
– Que vous inspirent les montants exorbitants des transferts de certains joueurs?
– On est dans une société où des gens gagnent beaucoup d’argent sans forcément de mérite. Si un footballeur génère des bénéfices pour son club, c’est assez logique qu’il en profite. C’est inhérent aux dérives actuelles. Mais quand le Real de Madrid ou d’autres clubs hyperendettés se permettent d’avoir des salaires comme celui de Ronaldo, là, c’est choquant, car on n’est plus dans une logique économique. En France, depuis une vingtaine d’années, on a résolu ces abus par un contrôle de la gestion des plaintes, mais malheureusement ce n’est pas le cas dans d’autres pays européens. On parle beaucoup d’Europe, mais les règles du jeu ne sont pas respectées. Du coup, une compétition comme la Ligue des champions n’est pas équitable. Ça me choque énormément. L’Europe, au niveau du football, est une supercherie.
– Ressentez-vous ce fossé dans votre club?
– A Lorient, on a pu construire sur la durée un club avec les valeurs du jeu que je prône. Ce n’est pas toujours facile au quotidien. Il faut survivre dans ce contexte de compétition, mais on a une identité et des valeurs qui nous le permettent. Un collectif s’est construit au fil du temps, qui nous permet d’exister en Ligue 1. Nous sommes 7es, ce qui est fantastique au regard des moyens à disposition.
[Le Temps 2010]