L'ambiance de cet après-midi m'a laissé un goût tellement amer qu'il me passe presque l'envie d'aller au stade tellement ce fut insupportable. Je faisais partie du public donc les critiques me concernent en premier lieu mais pas de souci j'adore me descendre.
Pour faire court on a assisté à l'une de nos prestations les plus abouties, un nombre incalculable d'occasions, deux buts d'avance, un tacticien audacieux qui à ce moment-là fait entrer un attaquant de plus pour provoquer le KO (ça doit faire plaisir à tout amoureux de football), un Pa Modou qui harangue la foule après avoir baladé une énième fois la "défense" lucernoise, rien n'a réussi à provoquer le moindre début d'étincelle. C'est inquiétant car habituellement on reflétait ce qui se passait sur le terrain, mais pour le coup l'excuse disparaît et nous place froidement devant nos responsabilités.
Passons aussi rapidement sur le speaker qui a définitivement un charisme vocal proche de celui de Julien Clerc (les fans remplaceront par "proche du néant"

) ainsi que sur les publicités dont on nous bombarde durant toute la mi-temps et à la fin du match au moment de célébrer avec les joueurs. Quelques-uns ont scandé leurs noms, mais les réclames à 200 décibels ont alors repris de plus belle, douchant les espoirs de sauver un peu la face auprès de l'équipe.
Mais ces désagréments ne sont rien en comparaison de mon dernier coup de gueule. Il va à ceux qui ne trouvent rien de mieux à faire que de balancer des cartons de bière sur la pelouse et le gardien (j'ai dénombré une bonne quinzaine de tentatives, pour la plupart infructueuses, de passer le filet). On passe pour quoi après ça? J'ai bien quelques idées mais la décence me retient de les rendre par écrit. Par ces actions on ne fait que donner raison aux clichés nauséabonds véhiculés par des gens tout aussi peu malins sur notre canton. Qui, lorsqu'il va au bureau de la poste ou dans un autre service public et est mécontent de la personne en face lui balance des cartons de bière ou d'autres objets à la figure? Poser la question c'est y répondre. En quel honneur un joueur de foot, qu'il s'appelle Zibung ou porte un autre patronyme, mériterait-il ce traitement? C'est tout à fait dégradant pour lui mais en premier lieu c'est soi-même que l'on humilie en se montrant incapable d'un minimum de discernement. Les stades de foot sont devenus une zone de non-droit effroyable. J'étais abattu lorsque Lucerne a égalisé mais imaginer la réaction de ces pseudo-supporters m'a d'une certaine manière déchargé d'une partie de ma frustration. Idem pour les scheiss Luzern et autres discours fleuris sur l'arbitre.
Et je ne peux pas juste accepter que chacun est libre et responsable de ses actions parce que par ces agissements on ne représente pas simplement sa propre personne, mais le public valaisan. Et ce n'est pas une image que j'accepte que l'on transmette de mon canton, de ma ville ou de mon club. Vous avez certainement remarqué que la banderole déployée par le kop visisteur pour se distancer des actes que l'on sait faits par des gens qui se revendiquent du FC Lucerne. J'ai envie de la même vis-à-vis de ces gens-là.
Enfin voir ces tout jeunes avec un petit tambour chanter pour leur équipe (sans insultes ni critiques mais par de simples chants positifs pour leur équipe) m'a mis du baume au cœur. Je me suis dit que bien qu'ils n'avaient pas un gros volume sonore ou que celui qui battait avait un sens du rythme bien à lui, ils semblaient faire preuve de bcp plus de maturité que pas mal d'entre nous et qu'ils réussissaient là où 6499 spectateurs et moi-même avions échoué, c-à-d encourager notre FC Sion dans sa lutte pour le maintien dans le respect, l'humilité et la bonne humeur. Finalement c'est peut-être là le secret du renouveau: retrouver son âme d'enfant et se serrer les coudes pour chanter la joie de vivre un match de football, sous le soleil et le fendant propres à un dimanche après-midi dans la vallée du Rhône...
[spoiler]Julien Clerc m'excusera certainement en constatant que je suis un bien piètre poète

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