Voici en vrac (excusez!) l'essentiel de l'article de FF. Il y a quelques phrases croustillantes ... ( La grenouille, le CD sur lequel figurent des relevés personnels de comptes privés de différents dirigeants)
Le Président du FC Sion affirme qu’il ne rendra pas les armes, quelle que soit la décision du Tribunal arbitral du sport qui interviendra jeudi. En attendant, il ne se prive pas d’accuser des pires maux la FIFA et l’UEFA.
IL EST DÉBORDÉ. Pourtant, jeudi dernier,
Christian Constantin n'a pas hésité à
bousculer son emploi du temps
pour parler, longtemps, entre
rendez-vous professionnels et
conférence bénévole. Du présent
et de l'affaire, bien sûr, mais
aussi du passé, évoquant de
lointains souvenirs avec chaleur, en amoureux sincère du
ballon rond. L'affaire? Malgré une qualification acquise
sur le terrain face au Celtic, qui avait porté réclamation, le
Fe Sion a été éliminé de l'Europa Ligue par l'UEFA pour un
transfert jugé illieité aire ci-contre). Son impétueux dirigeant
se bat pour que le club soit réintégré et multiplie les procès au
civil. Le richissime homme d'affaires du Valais, une longue écharpe
négligemment nouée autour du cou, comme il en porte souvent, l'oeil
et le cheveu plus noirs que jamais, se montre sûr de lui. Agressif et
drôle. Et, plus que tout, d'une détermination implacable dans son
«combat pour la justice », contre les instances internationales.
«Que va-t-il se produire jeudi devant le Tribunal
administratif du sport (TAS)?
Le TAS, pour nous, n'a de tribunal que le nom. C'est un instrument
dont la FIFA et l'UEFA sont les principales partenaires. C'est une
affaire devenue juteuse. Les plaintes sont passées de quatre-vingts
à plus de trois cent cinquante par an. Une plainte, ça coûte
80000 francs suisses (NDLR , près de 65 000 €). Les deux tiers de ses
revenus émanent du foot. En gros, tout est fait pour que le TAS
donne raison à la FIFA et à l'UEFA. C'est une filière du jugement
dirigée. Je ne suis pas le seul à le dire. L'an passé, Bruxelles est allé
dans ce sens. C'est une pseudo-justice. Elle n'est pas impartiale.
C'est une justice d'apparat qui avalise les ordres d'une dictature.
Le 24 novembre, je soupçonne une décision de complaisance en
faveur de l'UEFA. Voilà mon analyse la plus négative.
Malgré tout, le feuilleton ne serait pas tenniné?
Si le TAS donne raison à l'UEFA, rien ne sera résolu. Nous irons
devant le Tribunal fédéral et, s'il le faut, devant la Cour européenne.
Elle appliquera la jurisprudence de Bruxelles et confirmera que le
TAS n'est pas régulier. Voilà le résultat final de ce combat Le TAS
doit être réellement un tribunal, neutre et indépendant, et respecter
les règles étatiques.
Cela doit vous coûter cher toutes ces procédures, ces frais
d'avocats qui, paraît-il, sont au nombre de huit?
Je le paie.
Rien ne vous fait peur?
Quand on vit une injustice, il faut répondre de toutes ses forces.
PerSOIUle ne vous dit que vous allez perdre, et peut-être
gros?
Tu connais l'histoire de la grenouille qui veut grimper jusqu'au
sommet, là-bas, près du mont Blanc? Elle monte, elle monte et tout
le monde à son passage lui dit: "T'es folle, c'est impossible, tu n'y
arriveras jamais ... " Finalement, elle panrient tout en haut de la
montagne et les gens s'interrogent. Comment a-t-elle fait?
Finalement, on s'est aperçu qu'elle était sourde. Tu comprends?
Tu peux tout, même tout seul.
C'est du très lourd en face ...
En 2001, elles s'étaient engagées à ne pas s'opposer à des recours
devant la justice civile. Ce qui n'est rien d'autre qu'un droit
fondamental de tout État. Dix ans plus tard, cet engagement est
oublié, les affaires sont toujours traitées en aparté. La FIFA et
l'UEFAcontinuent de maîtriser le système, fonctionnent comme
une cellule qui se croit tout permis. Et puis, il ne faut pas négliger
les aspects financiers ...
Que voulez-vous dire?
Si leurs comptes bancaires privés sont rendus publics, on risque
d'être surpris par des transferts sur ces comptes, par leur
provenance. Ce qui se déroule en sourdine, c'est grave.
Ce que vous dites plutôt, oui!
Mais tu peux l'écrire comme ça. Avant certaines décisions, on
observe des transferts financiers ... Elles ont un véritable intérêt à
garder la main sur tout ça.
Ce n'est pas la preoûère fois que vous les attaquez. U n'y a
que vous pour se dresser contre elles?
Bernard Tapie, à son époque, aurait pu se battre. Il n'a pas eu les
attributs nécessaires. Je suis un amoureux du foot depuis longtemps.
La dérive à laquelle on assiste ne me convient pas. On doit revenir à
de vraies valeurs. Le foot doit être propre. Honnête. Responsable. Là,
c'est déraisonnable.
Avouez que ça vous fait plaisir d'être en pleine actualité?
Je ne fais pas ça pour la gloriole. Je défends mon club. Si mon dossier
n'est pas correct, cohérent,je l'admets, je ne vais pas aussi loin.
En revanche, quand un juge indépendant m'est favorable, ça me
renforce (NDLR : vendredi, le tribunal cantonal valaisan a cependant
levé la décision du tribunal de Martigny, datant du 3 août, qui
autorisait les six recrues estivales du Fe Sion à jouer, confirmant
indirectement la légitimité de l'interdiction de transferts prononcée par
la FIFA). Quand on mène une guérilla, il faut frapper fort, le plus fort
possible, être percutant. Touché, coulé! Ça me fait ch ... de recevoir
des leçons de ces ronds-de-cuir, qui ne font rien pour faire
progresser le football. Ça m'énerve. Leurs décisions ne sont pas
intelligentes. C'est insupportable.
Le but, c'est de les faire sauter?
Ouf... (Il souffle) Il suffirait de rendre public le CD qui circule et sur
lequel figurent les relevés personnels de comptes privés de différents
dirigeants, les virements ...
Vous aimez la bagarre!
C'est le caractère du Valaisan. Courageux, frondeur. Blatter l'est
aussi, tu sais? De la haute montagne. Il a la tête dure.
Et Michel Platini?
C'était un joueur formidable. C'est un type agréable, sympa, devant
un verre. Mais là, président de l'UEFA, le costume est trop grand
pour lui. A Nyon (siège de l'UEFA), ils se bouffent entre eux; derrière
lui, c'est la chienlit.
Vous êtes sans pitié.
Avant, c'étaient des bouseux qui dirigeaient le foot Quand les
revenus de la télé ont éclaté, ce sont 850 millions de revenus grâce
aux Coupes d'Europe, sans parler de l'Euro. On laisse 25 % à l'UEFA.
C'est trop d'argent pour des GO, oui, des gentils organisateurs de
compétitions. C'est comme s'ils avaient gagné au Loto. Ça leur fait
perdre la tête. L'éthique, elle est loin. On a perdu le bon chemin.
Vous croyez que vous allez remettre le football sur la
boJUle voie?
Je mène des combats justes. En 1994, j'alertais la FIFA parce que
mon club était l'un des plus gros fournisseurs de joueurs
sélectionnés en Coupe du monde. On en est toujours au même
point, mais je ne suis pas découragé. Aujourd'hui, Dragan Mrdja,
notre international serbe, est revenu du Mexique avec le genou droit
en miettes. Il était revenu de la Coupe du monde avec le genou
gauche bousillé. Et pendant ce temps-là l'amortissement du
transfert, les salaires, les assurances, c'est pour qui? Pour ta pomme!
Pourtant, on est spoliés, on perd nos actifs. Eh bien, là encore,
j'irai au bout.
L'affaire présente peut-eUe déboucher sur un
arrangement avec un paquet d'argent à la clé?
Je préfère l'odeur des vestiaires des matches de Coupe d'Europe
à celle des euros.
Vous êtes vraiment serein ou vous faites semblant?
Je ne ressens aucune tension. Je dois seulement préparer mon
prochain coup.
À SION, ON NE FAIT PLUS TROP ATTENTION
MARCEL MAURER, LE PRÉSIDENT
DE LA VILLE DE SION, «ou son maire»,
reçoit dans son bureau, au second
étage d'une ancestrale bâtisse
bourgeoise. L'homme politique,
«de centre droit », n'ignore pas que
certains terrains sont plus dangereux
que d'autres. Quand on lui demande
s'il considère que l'affaire qui oppose
son club de foot aux instances
internationales du football est une
bonne publicité pour sa belle ville,
l'homme balaie une mèche invisible
au sommet de son front avant de
répondre: «On veut voir du foot
Je n'ai pas d'avis. Le sujet est très
complexe. Je ne fais pas l'autruche.
Tout ce que je peux ajouter, c'est que
le club est un partenaire loyal.»
Avec lequel ce fidèle supporter des
Rouge et Blanc entretient des rapports
sans ombre. «Le stade de Tourbillon,
nous lui louons. Pas très cher, je dois
dire (150000 FS par an, soit 120000 €).
Nous avons investi 13 millions de
francs suisses afin qu'il soit homologué
pour des rencontres préliminaires de
Coupe d'Europe. On aimerait bien
avoir des retombées, et là on ne les a
pas. Cette Coupe, on regrette de ne pas
la jouer. On se sent un peu frustrés par
rapport à nos efforts financiers.»
UN «PRÉSIDENT DE LA VlLLED
PRUDENT. Marcel Maurer connaît
bien le propriétaire du FC Sion,
Christian Constantin, le tumultueux
dirigeant parti en guerre contre
les maisons de Zurich et de Nyon.
L'édile avoue que le « Napoléon
valaisan », comme le surnomment en
riant quelques Sédunois (habitants
de Sion), n'est pas un proche. « On se
tutoie, mais il tutoie tout le monde!
Avec lui, on peut s'attendre à tout.
Nous entretenons des relations
paisibles. Après, chacun son job. II ne
m'a jamais parlé de cette histoire et
nous ne l'avons pas davantage évoquée
avec l'exécutif. La seule chose qui
nous intéresse, c'est de rendre le
Tourbillon encore plus confortable
dans les deux ou trois ans qui
viennent.» Avec bienveillance, il
rapporte que, « dans la rue, il y en a qui
disent que c'est peut~être bien quand
quelqu'un ose. Oui. Même s'il y a
des choses à corriger.»
Dans le centre historique
totalement rénové, les partisans
de Constantin sont les plus
visibles. Il incarne à leurs
yeux le combattant du Valais.
L'homme du cru se dépeintvolontiers
comme «frondeur». « La montagne
fait peur. On vit dans une zone
sismique. Le climat est sévère ...
Tout ça forge un caractère», rappelle
l'autochtone. Qu'ils soient de
véritables supporters du FC Sion ou
s'en désintéressent, ils se sentent
«fiers». La situation les amuse ou les
dépasse. Angèle et sa fille Isabelle, qui
tiennent une délicieuse crêperie rue
de Lausanne, pouffent quand on leur
demande ce qu'elles pensent de
Christian Constantin et de son combat.
«On aimerait le voir plus souvent chez
nous! Il vient de temps en temps, l'été.
Pour le foot, allez plutôt voir le patron
du Poker.»
LES SÉDUNOIS PARTAGÉS. Trois cents
mètres plus bas, Marc Hauri discute
dans l'arrière-salle avec des clients,
mais il bondit sur la perche. D'une voix
autoritaire, il balance: « M. Constantin
n'a pas raison. Il n'avait pas le droit de
recruter les six joueurs cet été. Il va
perdre. Le 24, devant le TAS, ça ne va
pas passer. J'en prends les paris tous
les jours ici! Et je vais gagner.» Marco
et le FC Sion c'est une vieille histoire
d'amour. Nostalgique, ce personnage
local rappelle: «Ils venaient tous chez
moi. Les entraîneurs, les joueurs. Ah!
Rouyer, avec son chien, il
était gentiL Aujourd'hui, il n'y
a plus que les anciens qui
viennent. Le club, il est à Martigny
(à 25 kilomètres).)} Sa passion pour
le FC s'est étiolée. « Avant, je donnais
15 000 FS par an en publicité au stade.
Oui, il est venu, on a parlé jusqu'à
2 heures du matin. Je ne cautionne pas
ses choix. Son action ne va pas dans le
bon sens.»
Cela ne l'empêche pas d'ajouter:
«On l'aime bien. C'est un gros bosseur,
un bon gaillard, mais dans le
"footballe" il va trop loin. Ses
conneries vont nous coûter dix points
en Championnat. Si vous voulez mon
avis, les gens en ont marre. La majorité
est derrière lui parce qu'elle ne connaît
pas le fond du problème. Maintenant,
tout le monde ne partage pas mon avis.
Vous n'avez qu'à remonter la rue du
Midi, plus haut se trouve le Brasilia,
et là-bas ils vous diront le contraire.»
En l'absence de la patronne, Dave,
au milieu des clients qu'il abreuve
en café ou en chocolat, réplique, l'air
convaincu: « Constantin, il a raison.
Il a du courage. Il sait ce qu'il fait.
La FIF A, c'est du n'importe
quoi!» Le directeur de l'office du
tourisme, lui, se marre. « Ce truc, il a
surtout servi à consommer encore plus
de vin blanc aux terrasses des
bistrots.